Login

Des algues très polyvalentes

Elles sont appréciées en raison de leurs bienfaits pour la santé des plantes, la nutrition humaine et des débouchés technologiques. Mais production et commercialisation font le grand écart entre l’artisanat et l’industrie de masse.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Il n’existe pas à proprement parler de filière des algues. L’offre est très complexe, avec de nombreux genres et espèces de macroalgues et de microalgues (lire l’encadré ci-dessous). Par exemple, on dénombre pas moins de trente-six espèces de spiruline. Les usages, reconnus et émergents, s’accommodent bien de nouvelles habitudes de consommation et de l’économie cir­culaire. Bien sûr, le potentiel de diversification pour la filière du végétal impose au préalable une découverte approfondie.

Parmi les usages, la phytoépuration est emblématique : le projet breton Phyt­epur (2020-2024) envisage un système de traitement des effluents des cultures hors sol, basé sur les propriétés phytoépuratoires des microalgues. Ainsi, la bio­masse algale sera valorisée pour ses propriétés de biostimulation et de biofertilisation.

Des biostimulants reconnus

Les algues marines récoltées le long du littoral, source de biostimulants orga­niques pour la production végétale, ont prouvé leur potentiel avec des firmes bre­tonnes comme Groupe Roullier et Goë­mar, cette dernière ayant été acquise par Arysta Life Sciences. Les Espagnols sont très présents, mais avec une production industrielle en bioréacteur tubulaire.

Dans une même firme, la formulation d’un biostimulant peut varier en fonction de l’algue sélectionnée, telle Ascophyllum nodosum (le goémon dit noir) ou bien la Spirulina platensis. En revanche, le produit Naneos, qui est né d’une collaboration entre Greensea, à Mèze (34), et Greencell (ex-Biovitis), à Clermont-Ferrand (63) et Saint-Étienne-de-Chomeil (15), combine microalgues vertes cultivées et goémon­ récolté.

Actuellement, de nombreuses start-up françaises s’installent au sein de ce créneau très disputé d’agents nutritionnels végétaux.

De son côté, le projet Interreg Bio4safe 2017-2021 teste l’utilisation de quatre nouveaux biostimulants à base d’algues (lire https://tinyurl.com/8rda2rwn).

Algochimie et potentiel biochimique

Les algues se positionnent sur le marché des extraits végétaux grâce à un fort potentiel biochimique et des applications parfois originales. Belchim Crop Protection, fabricant belge de produits agropharmaceutiques, a lancé Dimmer, un produit élaboré à base de Spirulina platensis. Cette couche invisible agit à la façon d’un film barrière, protégeant les fruits contre les UV et la lumière infrarouge préjudiciable.

Plus largement, les algues servent de matière première pour les biocarburants. Lancé en 2011, l’ambitieux projet structurant GreenStars est un ensemble de pla­teformes visant à créer une filière de valo­risation des microalgues. Son ob­jectif premier  était de développer à l’horizon 2020 des composés d’intérêt, dont des biocarburants de troisième génération caractérisés par une énergie renouvelable. L’exploitation des microalgues n’entrera pas en compétition avec l’exploitation de terres agricoles. Porté par l’Inra de Sophia Antipolis (06), il réunit 45 partenaires (organismes de recherche publique, entreprises, collectivités territoriales, pôles de compétitivité).

Algoculteurs de spiruline

Autre terrain de jeu : les algues sont des matières premières végétales source de biomolécules d’intérêt en santé et bien-être. La spiruline, un superaliment aux vertus antioxydantes et à la concen­tration élevée en protéines, fait l’objet d’un engouement chez des horticulteurs aguerris ou novices. Le mode de culture le plus simple est réalisé en bassin ouvert avec une configuration permettant un fort renouvellement d’eau par unité de temps.

Une production plus technique ou plus intensive peut être organisée grâce à un partenariat avec un équipementier (un installateur de serres, par exemple).

L’usage comestible est connu depuis les Aztèques. La vente directe (marchés, Internet) et en circuit court de ces compléments alimentaires pourrait s’accompagner de la fourniture d’ingrédients pour l’agroalimentaire (comme la pâte à tartiner, les biscuits).

Les spiruliniers tirent parti des projets collaboratifs de recherche et développement du Centre d’étude et de valorisation des algues, à Pleubian (22) (https://www.ceva-algues.com/) : Spiru­­line pay­sanne, Spirkal et Spigou, ou encore du projet industriel compétitif Spi’Life de Valorial.

Le Ceva est partie prenante dans la pla­teforme Sensalg’, développée par ACT food Bretagne, alliance de cinq centres techniques agri-agro bretons. Cet outil récent d’appui à l’innovation prolonge la dynamique acquise en 2014 sur le projet du même nom concernant les légumes de la mer, labellisé par le pôle de compétitivité agroalimentaire Valorial.

L’Ifremer optimise également la culture de microalgues.

Et, bien sûr, tous ces réseaux de com­pétences ont généré des formations supérieures de spécialisation (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine).

Linda Kaluzny-Pinon

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement